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Le blog de vous-emoi

Il était un petit chavire

3 Octobre 2012 , Rédigé par vous-emoi, alias Thomas Masson Publié dans #Politique


I -


Adieu terre ferme,
Bonjour sol liquide !
Il faut fuir ce présent insipide
Et conquérir ce pays où les rêves germent !
Adieu déboires, je largue enfin les amarres !
Plus de sang d’encre, je lève les voiles !
Vivement que cet avenir radieux se dévoile.
En avant, cap vers ce salvateur phare !


II –


Embryon de matelot, débute ici ton calvaire.
La mer de ton baptême est démente.
Elle accouche de remous qui tourmentent.
Elle te maltraite comme un vil adversaire.
La mer est une bête qui te déteste.
En selle sur son dos, tu es un urticant.
Cavalier maladroit, tu es bien provocant.
La mer se déchaine, proteste,
S’agite dans des secousses épileptiques.
Quelle est donc cette colossale monture qui te remue ?
Quel est ce titan qui tue sans être ému ?
De ton arrivée à bon port, tu peux être sceptique.
La mer se transforme en vaste filet qui capture.
Ses mailles invisibles sont de véritables pièges.
Partout autour de toi, c’est la mort qui assiège.
Quand vas-tu fuir impitoyable créature ?


III –


Cesses de remplir ton estomac insondable !
Arrêtes tes insolents crachats salés sur nos visages !
Nos pleurs ont remplis tes eaux pendant le voyage.
Ne vois-tu pas que tes traitements sont insupportables ?


IV –


La mer est sourde et ignore ta détresse.
La coque de ton corps craque et se fissure.
De bâbord à tribord ton être souffre de blessures
Engendrées par la plus insoupçonnée des traitresses.
Ta frêle embarcation tangue sous ces coups de boutoir.
Tu es submergé par des flots inépuisables
Qui creusent en ton être périssable.
Ton navire est tabassé, martyrisé. Sans échappatoire.


V –


Soudain, la surface de la mer a la peau lisse.
Ta joie est celle d’un évadé de prison,
Qui pour la première fois, revoit l’horizon !
Tu es fier et soulagé comme Ulysse.
Ton âme libérée prend son envol,
Et survole les débris flottants du passé.
Légère, virevoltante, acrobatique, elle est embrassée
Par des cieux apaisés et un bienveillant Éole.
Tu te raccroches au radeau de l’espoir !
Tu étais naufragé, tu es devenu rescapé !
Maintenant, tu gouttes les saveurs de la paix !
Tu chantes de belles louanges de victoire !


VI –


Adieu sol liquide,
Bonjour terre ferme.
Mon initiation prend son terme.
J’en garderai des images livides.
Seront à mes côtés ceux manquant à l’appel.
Notre traversée commune restera mémorable.
Aux prochaines turbulences, je serai imperméable.
Maintenant, place ! Je foule le sable chaud de cet archipel.

 

Thomas MASSON

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